Et ben voilà, je l'ai enfin reçu le chouette bouquin de Bloop: "Interludes" !


Dans cet album, tel un porc épic en rut, Bloop se frotte sans vergogne à un art majeur et difficile: les strips.
Et vous savez quoi, il s'en sort bien le bougre !
Bon déjà graphiquement, sa façon de coloriser la mer, l'orage ou la forêt me fout déjà le cul par terre, mais surtout je trouve que l'idée géniale de mettre en scène tout ce que nous dédaignons plus ou moins et jugeons "silencieux" (les arbres, les cailloux, les menhirs, les crabes, les fleurs etc...), c'est foutrement novateur !
La cerise sur la gâteau c'est qu'il décline l'idée sans s'essoufler, et qu'en plus on se marre :-)

Je sais bien que les strips sont méprisés par les snobs imbéciles, ceux qui, dès qu'ils exercent une activité ont besoin de se confiner dans un "milieu" réconfortant et excluant (même dans ce qu'ils appellent la 'blogosphère' vous en trouverez un paquet de ces précieuses ridicules), mais là l'utilisation de strips correspond pile poil à ce que Bloop voulait exprimer; des instantanés, des tâches de couleurs qui nous rappellent l'existence d'un environnement qui a sa vie propre et que nous oublions souvent de prendre en compte. Nous l'oublions tellement que nous allons d'ailleurs probablement en crever...

Bien entendu, on reste dans une vision anthropomorphique (mais comment faire autrement), et souvent les protagonistes de son album nous parlent de nous-mêmes et de nos propres vanités, mais avec un regard résolument humaniste. Du coup à la fin de la lecture, on prend une bonne bouffée d'oxygène, pas une claque culpabilisatrice; et on se rappelle qu'il y a un monde autour de nous...

Pour moi, c'est désormais limpide, Bloop est le fils caché de Francis Ponge et Gaston Lagaffe.

J'ai même eu droit à une dédicace ;-)