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Libération de la femme, version dessinatrices
(ce n’est qu’un combat le commerce continue).
Dessinatrice sous pression, par Cardon
Ce matin sur France Culture, dans l’émission "Tout Arrive" d’Arnaud Laporte, nous avons eu le plaisir d’entendre parler deux auteurs de bd bien en cour et fort médiatisés :
Dupuy et Berbérian.
Grâce à eux j’ai eu la satisfaction d’apprendre que la vraie bande dessinée d’auteur commençait juste... aujourd’hui ! Je cite : "
Les choses ont beaucoup évoluées, maintenant l’auteur de bande dessinée est un artiste à part entière". Il me semble pourtant me souvenir, que dès les années 70, certains dessinateurs et auteurs de bd étaient déjà considérés, à juste titre, comme d’authentiques créateurs, même si le festival d’Angoulême ne les reconnaissait pas toujours.
Quelques noms au hasard :
Jean-Claude Forest et son Hypocrite,
José Munoz et son Alack Sinner, Le sublime
Guido Crépax et sa somptueuse Valentina, l’extraordinaire
Buzzelli et son inoubliable révolte des ratés,
Will Eisner et son émouvant bail avec Dieu,
Alex Barbier et ses étranges Lycaons,
Masse et ses bonshommes en chapeau melon,
Max Cabannes et sa crognotte rieuse,
Nicole Claveloux et sa main verte... pour ne citer qu’eux. J’espère que les “
Monsieur Jean” s’en souviennent ?
Mais revenons à l’émission. Les deux mêmes nous parlent maintenant, avec une grande satisfaction, de l’exposition vedette qu’ils ont permis à Ruppert et Mulot d’organiser : la maison close.
Le journaliste, lui, déplore un certain inconfort et se dit frustré : "
La pièce rouge est assez frustrante... Il faut se mettre dans une position inconfortable... Regarder par des oeilletons..."
L’un des deux Monsieur Jean (Dupuy, il me semble) le renvoie aux images publiées sur le site, puis il donne quelques explications sur ce qui a motivé l’expo :"
On a dit à Mulot et Ruppert, faites ce que vous voulez ! Ils avaient cette petite idée de maison close... Un pied de nez à toutes ces expositions ou l’on enferme les filles dans un espèce de carcan... C’est un pied de nez !" Vous avez bien lu ! A la question : comment libérer les dessinatrices des soit disant carcans des expos, notamment sur le thème "la femme auteure de bande dessinée" ? La réponse est simple : Vous n’avez qu’à les enfermer dans un bordel, et là elles pourront enfin s’éclater ! Elles ne se sentiront plus opprimées par un “carcan”, elles seront enfin libres de s’exprimer !
Vive la libération de la Femme par la prostitution (symbolique).
— Oui, oui ! Allez y mesdames, livrez nous vos fantasmes en tant que putes, le reste est notre affaire... (cf : les cochons de payants) Tout ça est d’une belle et bonne logique commerciale, non ? Suffisait d’y penser.
"Sublime forcément sublime !"
Le journaliste demande alors au “
Monsieur Jean” ce qu’il pense des maisons closes, et il répond, quelques regrets dans la voix :
— ”
Je n’ai pas pu les pratiquer... Elles sont fermées depuis trop longtemps". Hélas ?
En tant que femme dessinatrice et bien que n’ayant rien à montrer aux voyeurs pré et post pubères de cette exhibition Angoumoisine au-goût-moisi, car n’en faisant heureusement pas partie, je tiens à remercier notre joyeuse bande des 4 pour cette initiative généreuse au profit de l’émancipation féminine !
Bravo messieurs, grâce à vous la condition de la femme bédéaste a progressé d’un pas gigantesque vers le... 19e siècle !
Chantal Montellier
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